FIVE DAY
CINQ JOURS
BES GÜN
Projet : Installation artistique multi supports
Exprimer l’indicible au détour de l’œuvre d’art : la mère icône, la résilience, la filiation et la parole libérée.
La vie m’a séparée de ma mère lorsque j’avais 1 ans et demi.
En 2018, je l’avais rencontrée seulement trois fois. Depuis 25 ans, j’avais ce projet en tête : la filmer, lui poser toutes les questions sur mon enfance auxquelles je n’avais jamais eu de réponses.
Ce projet de retourner dans le pays ou je suis née, la Turquie, à Gaziantep a vu le jour lorsque j’ai divorcé, après 25 ans de mariage.
Tout au long de ma vie je ressentais une solitude et un vide intérieure.
« j ‘étais dans un dialogue avec la solitude, dans un silence qui ne finissait pas de hurler, ma vie était toujours entre magie et le désastre. »
Ce voyage de cinq jours auprès de ma mère m’a permis de trouver mon enracinement dans le lieu où je vis : Paris.
« Tant que tu ne connais pas l’histoire et l’origine de ta mère, tu ne peux pas trouver ta place. »
Trouver ses racines et créer sa filiation : c’est pour cela que j’ai fait le voyage avec mes deux enfants Jeremy (hommage à Jeremiah un guerrier amérindien) et Dünya (l’univers la terre le monde…) pour une rencontre avec ma mère Navruz. NAVRUZ, JEREMY,DÜNYA …
Presentation
L’installation sera composée de six supports : une vidéo, une installation sur un mur, des photos, des dessins, un livre, une performance.
La vidéo
Triptyque de trois minutes, elle représente ma mère en comteuse, chantant une berceuse racontant notre histoire et ses traumatismes. Elle porte un foulard, avec ses mains déformées par la polyarthrite rhumatoïde, elle se voile et se dévoile.
Dans l’action elle se dévoile et raconte ce qu’elle a vécu avec moi. L’image tourne au ralenti et en boucle, la vidéo passe en couleur lorsqu’elle a libéré la parole.
1 Le voile tombe ; elle raconte
2 le voile couvre son visage repenti, souffrance, trauma
3 Le voile retrouve sa place la parole est libérée, c’est fini.
La vidéo est accompagnée d’une bande son ; elle chante notre histoire commune : l’histoire d’une mère qui n’a pas pu élever son enfant de 1 an et demi car elle a été contrainte de la confier à sa mère.
Le mur
Cette partie est encore en recherche pour moi. Je souhaite exprimer la femme derrière le mur qui est symbolisé par le foulard.
Une installation, un travail de répétition autour du foulard de ma mère amenant le sujet de la maltraitance.
Le foulard traditionnel c’est ce que portent les femmes en Anatolie.
Cette tradition se transmet naturellement de mère en fille : c’est la dote. Les femmes fabriquent ces foulards et les transmettent le jour du mariage.
Le Foulard est un accessoire indispensable telle leur peau.
Le mur
Pour ne plus voir l’autre
Pour ne plus être vu
Se murer
Le rôle d’un mur c’est de diviser, délimiter, cacher, protéger, séparer
C’est pour montrer la beauté d’une tradition et la perversité des comportements
que je décide de faire une installation de mur de foulard.
Photos
Trois tirages de photos de ma mère
Trois tirages de captures d’écran tirées sur du papier aquarelle, de la même taille que le foulard, représentent les mêmes scènes que la vidéo, ces images sont très pixélisées et parlent de l’effacement.
Ce n’est qu’une répétions de l’image et de l’histoire.
Un tirage photos de trois portraits en format photos d’identité qui se répètent trois fois sur un format A4. Elle ferme et ouvre ses yeux en noir et blanc et en couleur : « voir ne plus voir la clarté de la réalité traumatique, l’obscurité delà mémoire »
Dessins
Trois dessins
Représentant les trois et mêmes images de la vidéo et des photos
Le dessinateur s’investit corps et âme pour représenter la mère iconique par des traits, pour moi c’est un média de la vérité.
Le livre
Oeuvre plastique à part entière, pièce qui installe l’histoire dans tout son contenu, de la recherche, des images.
Dans le livre il y a aura le foulard porté par la mère et une clé usb de la vidéo.
L’histoire se répète et se transforme légèrement visuellement sur les différents
supports, c’est la résilience
Sariye Kozan 